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La liberté, la vie même de l’archevêque importait moins au triomphe de Versailles que n’eût été nuisible au gouvernement de M. Thiers, la présence de Blanqui, siégeant au milieu de ses amis à la Commune et les disciplinant. — Les événements donnèrent raison à M. Thiers. Blanqui demeura donc prisonnier.

Sans doute les Blanquistes comptaient parmi eux un homme qu’on eût supposé les pouvoir diriger, mais, affaibli par la maladie dont il mourut peu après à Bruxelles, Tridon n’avait plus ni la force physique, ni l’activité voulue pour dominer ses amis et en refréner les écarts. Aussi, bientôt irrité et fatigué en même temps de leur conduite incohérente, il passa dans les rangs de la minorité socialiste avec laquelle il resta jusqu’à la fin.

Quant aux citoyens Delescluze et Gambon, dont les tendances étaient également autoritaires, il répugnait trop à leur droiture de diriger leurs alliés à la Commune, au moyen d’intrigues sans dignité auxquelles se prêtait plus volontiers le tempérament politique de Félix Pyat, dont les perfides inspirations guidèrent trop souvent la conduite des amis de Blanqui, sans pourtant que ceux-ci lui accordassent la moindre estime.

À la fin d’avril, la Commune était donc, par ses actes et ses tendances gouvernementales, dans une situation extrême d’où la pouvait tirer seulement un prompt et décisif retour aux principes anti-autoritaires et réellement démocratiques qui lui avaient donné naissance.

Pour son malheur et surtout pour le malheur de tous, elle ne le comprit pas ainsi. Imbue de préjugés d’un autre âge, elle imagina au contraire de créer de ses propres mains un pouvoir plus directement dictatorial, forcément destiné, s’il eût triomphé de Versailles, à se substituer à la Commune elle-même, ou, ce qui était bien plus probable, à la conduire à sa perte par son impuissance propre et les résistances intérieures qu’il devait provoquer.