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ment à leur tour, sauf à faire un appel direct aux différentes intelligences qui eussent partagé leurs vues, afin de constituer une « Commune révolutionnaire » leur apportant son contingent de force intellectuelle et d’énergiques dévouements.

Cette solution sans doute n’était pas sans danger, nous ne dirons pas pour ceux qui auraient accepté d’y collaborer et en eussent pris leur parti, mais pour l’œuvre même qu’il s’agissait de mener à bien.

Au moins la chose était-elle à tenter. Elle l’eût été alors sur le terrain accepté de tous ceux qui, à des points de vue divers, ne répugnent point à l’idée gouvernementale, et l’unité d’action qui fût ressortie de cette nouvelle combinaison en eût peut-être pu assurer le succès.

Mais du moment où, pour des causes analysées précédemment, cl tirées en partie du caractère obscur de la plupart des membres du Comité central, portés à l’Hôtel-de-Ville par le fait du 18 mars, ceux-ci ne se crurent pas le droit ou le pouvoir — peu importe — de s’imposer à la population parisienne d’abord, à la France ensuite, et proclamèrent, dès le lendemain de leur installation, que c’était à la population entière qu’incombait la mission de conduire à ses fins le mouvement qui venait d’éclater, la Commune, continuateur logique du Comité central, issue d’un mandat légal et régulièrement délégué, devait, repoussant toute prétention dictatoriale, laisser à la population elle-même sa puissance d’initiative révolutionnaire et n’en plus être que le bras exécuteur.

Trop gouvernementale pour être réellement révolutionnaire ; trop révolutionnaire, par son origine, aux yeux des partisans de la légalité, pour être acceptée par ceux-ci comme un gouvernement réel, telle était l’impasse où la Commune se trouvait engagée et dont elle ne pouvait sortir qu’en revenant promptement à l’observation des principes anti-autoritaires sur lesquels doit s’édifier toute véritable démocratie !