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ment en pourrait-il être autrement dans une société réellement démocratique ?

En vain les sociétés bourgeoises de notre époque tentent d’asseoir de nouveau le principe d’autorité sur le consentement prétendu, plus ou moins unanime, des gouvernés, à l’aide de leur fameuse panacée — le « suffrage universel ». — Cette panacée a fait son temps[1].

Le suffrage universel, tous les partis politiques sont d’accord au fond pour le reconnaître, n’est qu’un ingénieux déguisement du « droit du plus fort ». Or, qui peut aujourd’hui répondre de la force qu’il détient ? Quel gouvernement peut sérieusement, à cette heure, répéter cette niaiserie brutale et soldatesque : « l’Ordre, j’en réponds ! ».

Mais s’il devient plus évident chaque jour que c’est à l’unique condition de sortir de l’ornière des errements gouvernementaux qu’on peut reconstituer un ordre social réel, garantissant à tous et à chacun la sécurité sans laquelle la vie devient impossible, il

  1. Depuis 1874, que nous émettions cette opinion, les événements n’ont fait que la confirmer. — Qui ne sait qu’aujourd’hui, la presque totalité des élus n’entrent à la chambre que couverts des infamies — presque toujours très justifiées — dont chaque député a été accusé par les partisans de ses adversaires ? — Enfin qui ne sait que le scrutin est à ce point de plus en plus déserté par les électeurs qu’il a été déjà plusieurs fois question d’établir le vote forcé.