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et ornée de nombreuses devises. Les litières de la princesse et de Mme de Tournon suivaient la sienne. Venaient ensuite dix filles à cheval avec leur gouvernante, puis six carrosses ou chariots, dans lesquels se tenaient les autres dames et filles.

C’est ainsi qu’on traversa la Picardie, puis le Cambrésis, le pays de Mons et Namur, au milieu de merveilleuses fêtes et réceptions dont Marguerite nous a laissé, dans ses Mémoires, un récit pittoresque et charmant. Le séjour de la reine et de sa petite cour, dans la ville de Liège, où l’eau de Spa lui était apportée chaque jour, fut marqué par un triste événement que la reine s’est plu à raconter avec une précision de détails et un accent d’émotion qui rendent ces pages des Mémoires attrayantes entre toutes [1]. Laissons ici la parole à Marguerite.



II



LA fortune envieus et raistresse ne pouvant supporter la gloire d’une si heureuse fortune qui m’avoit accompagnée jusques là en ce voyage, me donna deux sinistres augures des traverses que

  1. Première édition en 1628, que nous avons utilisée. Rééditions nombreuses depuis. On peut consulter les éditions modernes de Guessard, Lalanne (1858), dans la Bibliothèque elzévirienne, Paul Bonnefon (1920) dans la Collection des chefs-d’œuvre méconnus. Nous croyons avoir amélioré le texte cité ici en plus d’un endroit.
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