Page:Lefranc - Hélène de Tournon. Celle qui mourut d'amour et l'Ophélie d'Hamlet, 1926.pdf/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la reine ou ses dames d’honneur, dont la plus en vue était justement la mère de la jeune fille, morte ainsi victime de sa passion.

Nous avons fait remarquer ailleurs[1] que William Stanley, fils du comte de Derby, comme les jeunes seigneurs anglais qui fréquentèrent la cour de Navarre aux alentours de 1580, dut connaître aisément cette aventure, alors toute récente, d’autant mieux que nous savons, par la comédie même, qu’il était au courant du voyage de Brabant auquel elle se rapportait. De même que les dames d’honneur de la pièce se plaisent à rappeler les déplacements antérieurs de leur souveraine, de même elles se trouvent conduites tout naturellement à faire mention de l’histoire la plus caractéristique, au point de vue sentimental, qui avait marqué l’un d’eux et qui était restée chère à leur maîtresse. Le lien qui existe entre ces divers faits est donc manifeste. Le souvenir évoqué par Rosaline et par Catherine devant la princesse, avec un frappant accent de vérité, se rattache ainsi de la façon la plus certaine à l’ambiance, désormais connue, de la première comédie shakespearienne, toute proche, des événements qui lui servent de cadre. Le drame d’amour que les deux dames de la cour de Navarre sont conduites à citer avait dû s’accomplir devant leurs yeux, sur les bords de la Meuse ; la jeune fille avait grandi dans leur intimité, et la mère de celle-ci, première dame d’honneur de la souveraine, était encore la compagne de leur vie.

  1. Sous le Masque, I, p. 109-112, II, p. 79.
27