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Page:Legendre - Albani (Emma Lajeunesse), 1874.djvu/58

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M. de Lagenerais, dans la Revue des Deux Mondes, donne de notre cantatrice canadienne une appréciation dont nous transcrivons les passages suivants : Elle nous paraît franche, en dehors, peut-être, d’une légère teinte de préjugé national ; car, pour M. de Lagenevais, l’Albani est une Anglaise, ou une Américaine, ce qui, aux yeux de bien des gens, est même chose :

« Aux Italiens, l’Albani, que nous venons d’entendre d’abord dans la Sonnambula, puis dans la Lucia et Rigoletto, est un talent de rare distinction ; maintenant, l’accueil honnête et modéré que nous lui faisons la contentera-t-il, contentera-t-il surtout l’Angleterre qui nous l’envoyait à la recherche d’une position de diva ? Nous le souhaitons sans oser l’affirmer. L’art de la cantatrice est ici hors de question ; mais la voix est petite, fragile à l’excès dans sa souplesse de roseau, incapable d’efforts dramatiques, et c’est avec les grandes voix que se font les grandes héroïnes…… »

« …Or, quand on parle de Melle Albani, c’est le talent, la dextérité qu’il faut premièrement louer, — curieuse chose pourtant, qu’avec des moyens si limités on arrive à produire tant d’illusion, car ce n’est pas une Damoreau, une Miolan ; c’est bel et bien une cantatrice dramatique. Il y a l’intelligence, le foyer, tout fors la voix, et bien plus, quand cette voix délicate et