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Page:Legendre - Albani (Emma Lajeunesse), 1874.djvu/59

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mince veut s’affirmer en pleine situation, lutter contre les sonorités ambiantes, attaquer les ré-bémol par delà les registres, comme dans le quatuor de Rigoletto, elle y réussit, et c’est alors un de ces effets de mirage tels que la fée Morgane seule en sait évoquer dans le détroit de Messine. Le phénomène s’évanouit presqu’aussitôt, mais vous avez eu pendant quelques secondes le spectacle d’une grande cantatrice… »

« …Impossible de détailler une cavatine avec plus de goût, de pureté. Caro nome che il mio cor, — allez l’entendre dans Rigoletto dire cet air de l’escalier ; c’est la perfection. Son trille pour la netteté de vibration et la tenue vaut la cadence du rossignol. Dans Lucia, elle enlève la scène de folie de manière à défier tous les souvenirs. »

Telle est donc, en résumé, l’impression que Melle Albani a créée dans ce public si difficile et si exigeant de la capitale des arts.

Tous les critiques s’accordent, en fin de compte, à reconnaître, chez notre compatriote, un sujet de force à aspirer au premier rang, et ayant déjà, de fait, parcouru d’une manière magistrale la majeure partie de cette voie difficile et peu fréquentée qui conduit aux plus hauts sommets du temple de la Renommée. Son succès final n’était plus alors une question