Aller au contenu

Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’adressait. Le lieutenant de police n’osa pas l’interdire, mais le public prit parti pour le poète, et les sifflets chassèrent de la scène cette parodie honteuse. N’y a-t-il pas là, en 1732, un précédent du Philosophe sans le savoir, un signe précurseur de 1789 ?

Arrivons à la pièce elle-même.

Il y a un mot qui ne se trouve dans aucune de nos tragédies du XVIIe siècle, c’est le mot France. Il y a un peuple qui n’apparaît pas une seule fois sur la scène française, c’est le peuple français.

Voltaire, le premier, mit notre histoire nationale sur notre théâtre national. Il y fait revivre le souvenir de nos rois et des plus grandes familles du royaume. Il ne craint pas de faire entrer dans un alexandrin de tragédie, les noms de la Seine et de Paris. Mais où évoque-t-il Paris, dans Zaïre ? En Orient. Quel roi évoque-t-il ? Le plus poétique et le plus vertueux de nos souverains, saint Louis. Quelle époque ? La plus héroïque, les croisades. Il met en présence, en contraste, en lutte, la foi, l’amour, l’amour paternel, l’amour filial, le patriotisme, l’héroïsme. Il oppose les mœurs des mahométans à celles des chrétiens, et de cette variété de personnages il fait sortir une des situations