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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/20

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Sèvres des services réels ; que j’y avais fait ce que d’autres n’auraient pu faire à ma place. Qu’ai-je donc fait ? Comment ai-je pu mériter cette confiance ? Voilà la question qui se pose aujourd’hui impérieusement devant moi. A la veille de dire adieu à cette belle École, j’éprouve le besoin de faire mon examen de conscience professorale. Je voudrais, ne fût-ce que pour me justifier à moi-même l’honneur dont j’ai été l’objet, je voudrais me rendre compte de la façon dont j’ai pu arriver à me faire ma place à moi, dans cette élite de professeurs ; je voudrais résumer mon enseignement en quelques chapitres, en un volume.

Que pourra être ce livre ?

Mes fonctions à Sèvres, telles que je les avais comprises, étaient doubles. Tantôt inspecteur, tantôt professeur. Inspecteur, je lisais et annotais les devoirs écrits, j’assistais à tel ou tel cours, j’écoutais la leçon, j’écoutais les élèves, et je mêlais mes observations à celles du maître.

Professeur, je les réunissais pour moi seul, non dans leurs grandes salles de cours, mais dans leur petite salle d’étude. Pas de chaire, je tenais à rester en communication directe et intime avec mes auditrices. Je m’asseyais en face d’elles, avec une petite table devant moi,