Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/213

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Le 2 Décembre est né du 18 Brumaire. L’un ne se serait jamais produit sans l’autre. Napoléon III n’a pas seulement emprunté l’idée de son coup d’État à Napoléon Ier : il l’a étudié, imité, mais en même temps il l’a profondément modifié. Si l’attentat politique est le même, les circonstances qui l’ont entouré, les faits qui l’ont accompagné et suivi, en font un acte très différent. Carrel, dans un article éloquent, dit du 18 Brumaire : C’est un crime ! Mais tel n’était pas le sentiment des contemporains. Interrogez tous les mémoires du temps, et vous verrez que, dans la grande majorité de la nation, le 18 Brumaire fut accueilli avec une vive joie. On vit le salut dans ce coup d’État qui s’était accompli sans effusion de sang et sans proscription. La France presque tout entière poussa un soupir de délivrance, comme au 9 Thermidor.

En peut-on dire autant du 2 Décembre ?

Ici, je cède la parole à une voix plus auto risée que la mienne, et j’emprunte mon récit à un fait où je fus à la fois acteur et témoin. Ce jour-là, ces deux journées historiques réapparurent, pour ainsi dire, en face l’une de l’autre, dans la personne de deux hommes