au pessimisme, et du pessimisme au symbolisme.
Je ne conteste pas ce que cette conception peut avoir d’élevé ; mais, je l’avoue, l’étude de nos chefs-d’œuvre éveille en moi des idées différentes, moins abstraites et plus humaines, moins scientifiques et plus littéraires, et, à côté de cette définition toute philosophique, j’en vois une autre qui ne relève que de la poésie.
La grandeur de notre école lyrique au XIXème siècle, tient, selon moi, à la nouveauté et à la richesse de son programme. Regardez en arrière : les poètes du XVIIe et du XVIIIe siècles ne cherchent leurs inspirations que dans des sujets religieux et orthodoxes, ou dans des sujets d’amour, quelque peu païens. De notre temps, la poésie a pris pour thèmes tous les grands sentiments de l’âme humaine et toutes les grandes manifestations de la vie. Son domaine embrasse la foi, la nature, l’amour, l’histoire, la philosophie, la politique, et elle a mis au premier rang la patrie, l’humanité et la liberté.
Eh bien ! le droit de Béranger au titre de poète, c’est que nulle âme n’a été plus patriotique, plus humaine et plus indépendante.