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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/321

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puissance de dialectique, l’analyse de sa méthode expérimentale. Il en fit sentir toute la vérité ; il en déduisit toutes les conséquences ; nul savant ne se montra plus vraiment homme de science, c’est-à-dire ne mit plus de rigueur dans ses démonstrations et plus de conviction dans ses principes.

Puis, amené par la nature même de ses travaux, à faire un pas de plus dans les mystères de la création et dans l’étude de l’infini, il s’écria : « Celui qui proclame l’idée de l’infini accumule dans cette affirmation plus de surnaturel qu’il n’y en a dans tous les miracles de toutes les religions ! car la notion de l’infini a ce caractère de s’imposer et d’être incompréhensible. Quand cette notion s’empare de l’entendement, il n’y a qu’à se prosterner ! Il faut demander grâce à sa raison ! Les ressorts de la vie intellectuelle menacent de se détendre ! on se sent près d’être saisi par la sublime folie de Pascal. Le surnaturel entre dans votre cœur, l’idée de Dieu n’est qu’une forme de l’idée de l’infini. »

Ces mots, prononcés avec une émotion profonde, firent courir dans toute l’assemblée un frisson d’enthousiasme et de foi ! Les applaudissements éclatèrent de toutes parts. C’est