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Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/42

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moraliste évangélique, il élève. Son mépris de la mort va jusqu’au stoïcisme, dans la Mort et le Mourant. Et si vous ajoutez à cela que cet artiste de génie était une âme charmante ; qu’il a obtenu pour surnom, comme Henri IV, le titre de bon ; qu’il était candide comme un enfant ; que sa sincérité était telle que son meilleur ami, M. de Maucroix, a dit : « M. de La Fontaine n’a jamais menti de sa vie ! » Si vous ajoutez que sa fable des Deux Amis est aussi touchante que l’immortel chapitre de Montaigne sur l’amitié ; que les derniers vers des Deux Piegons sont un chant d’amour que n’effacent ni les poètes antiques, ni Alfred de Musset ; que nulle bouche humaine n’a trouvé de plus puissants accents d’indignation contre l’ingratitude ; que son premier chef-d’œuvre, l’Élégie aux Nymphes de Vaux, lui a été dicté par la reconnaissance, et par une reconnaissance courageuse, presque héroïque : louer et défendre Fouquet, sous Louis XIV, c’était téméraire ! Enfin, si nous nous souvenons, que tel était le charme de son ingénuité, qu’à ses derniers moments la pauvre femme qui le gardait s’écria : « Dieu n’aura pas le courage de le damner ! » Alors nous comprendrons facilement qu’une telle âme, répandue