Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/50

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La réponse de Pauline est empreinte d’une douceur et d’une délicatesse exquises : elle vient à lui comme une amie descend dans la prison d’un ami condamné à mort, pour le supplier de signer son pourvoi en grâce.

Rien de plus charmant que ce mélange de tendresse et de bon sens, rien de plus persuasif, je dirais volontiers, de plus habile, que toutes les raisons qu’elle lui donne…

D’abord, l’éclat de sa position. Puis, ses devoirs de citoyen. Enfin, l’indulgence du juge, qui ne lui demande qu’un peu de silence.

Tout cela dit, bien entendu, avec une émotion sincère, mais qui ne dépasse pas les bornes d’une légitime affection conjugale. Je ne m’en étonne pas, puisque je sais que son mariage avec Polyeucte n’a été pour Pauline qu’un acte d’obéissance filiale : elle lui a donné par devoir tout ce que l’autre avait par inclination. Son cœur est resté à Sévère.

Polyeucte répond à ces raisons toutes terrestres, par une suite d’admirables élans de foi !… autant de vers, autant de credo sublimes ! Ils croissent en se succédant ! Ils s’accentuent en s’accélérant ! et se terminent par ce dernier cri :

 
C’est le Dieu des chrétiens, c’est le mien, c’est le vôtre,
Et la terre et le ciel n’en connaissent point d’autre.