Puis, après cette parole un peu dure, elle ne craint pas d’ajouter qu’elle préférerait les supplices de l’enfer à un tel mariage, et que, si Sévère avait osé en concevoir l’espérance,
L’amour qu’elle eut pour lui tournerait tout en haine…
C’en est fait, le coup est porté : elle peut sortir, la scène est finie. Finie ? oui, pour un autre poète que Corneille… Pour lui, elle commence.
Un fait que l’on n’a pas assez remarqué, c’est qu’il y a dans Corneille deux artistes absolument différents. Un poète idéaliste qui rappelle le Poussin par la simplicité grandiose de ses conceptions et de ses personnages ; puis, à côté, un poète dramatique, complexe, compliqué, singulier jusqu’à la bizarrerie.
Le lecture de ses préfaces montre à la fois son goût pour les situations inextricables et sa merveilleuse facilité d’invention pour en sortir… Il n’en sort pas toujours dans ses dernières pièces, mais, dans sa jeunesse, il a des traits d’audace qui sont des trouvailles de génie : il se tire de tout par le sublime. Que propose, en effet, Pauline à Sévère au moment où elle vient de lui arracher si cruellement tout espoir ? de l’aider à sauver Polyeucte et de le lui