Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les yeux et me frappèrent comme d’un trait de lumière. L’acteur s’arrêta après le mot : « Allons, gardes !… » il prit un long temps… puis, a part, a voix basse, avec un puissant effort, il dit : « C’est fait !… » Cette interprétation me paraît une véritable création. Elle rend toute son unité au rôle de Polyeucte, elle nous montre qu’il a lutté jusqu’au bout, souffert jusqu’au bout, aimé jusqu’au bout… et ce sentiment humain persistant dans le sentiment divin, fait de lui, à la fois, un martyr et un homme.


IV

Pauline et Sévère restent vis-à-vis l’un de l’autre. Que vont-ils se dire ? Que va faire Pauline ? Sévère commence : sa voix est tremblante, il n’ose pas montrer sa joie, il n’ose pas exprimer son espoir, et c’est seulement après quelques paroles enveloppées d’une grâce chevaleresque tout à fait exquise, qu’il hasarde un demi-aveu à peine formulé.

Elle l’arrête d’un mot.

 
Brisons là : je crains d’en trop entendre.
..........................................
Sévère, connaissez Pauline tout entière :
Mon Polyeucte touche à son heure dernière,
Vous en êtes la cause, encor qu’innocemment.