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refusé de prendre la parole dans une cérémonie publique, organisée il y a quelques années en son honneur.

Aujourd’hui, plus calme et plus juste, je vois en lui un des génies les plus troublés, les plus troublants et les plus féconds de notre littérature. C’est là ce que je voudrais peindre, en parcourant successivement les divers points sur lesquels s’est portée sa pensée : la nature, la famille, l’éducation, l’amour, les questions sociales, les sentiments religieux.


La Nature.

De bien grands écrivains ont aimé et célébré la nature avant J.J Rousseau. D’où vient donc qu’il se soit fait parmi eux une place si particulière, la première peut-être ? De ce que tous ils ont chanté la Création, les yeux levés au ciel ; lui, les yeux baissés vers la terre.

Je m’explique : Lisez l’admirable description de l’univers dans le Traité de l’existence de Dieu par Fénelon ; puis, ouvrez les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques. Quel contraste ! Ce que dépeint le premier, ce sont les magnificences du monde ; c’est le ciel, ce sont les astres, c’est l’Océan ; ce sont les éternelles