Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/73

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lois de la création ! Ce qui attire l’autre, c’est ce que la nature a de plus humble, de plus caché, de plus intime, de plus infime. Un peu de mousse au pied d’un arbre ; une petite source au fond d’un bois ; errer seul à travers les bruyères ; se coucher au fond d’un bateau, et là, étendu sur le dos, regarder passer les nuages ! Puis, allant de la rêverie à la science, devenir botaniste, faire ainsi un pas de plus dans l’intimité de la nature ; la surprendre dans les plus mystérieux secrets de la germination ; substituer enfin le microscope au télescope, voila le caractère particulier du génie pittoresque de Rousseau.

Il va plus loin. Il ne se contente pas d’aimer ce qui est sauvage ; il aime ce qui est rustique. La vie agreste, la vie des champs, la culture, les cultivateurs l’attirent et l’inspirent comme la solitude, comme le silence des grandes forêts. Il découvre une sorte de poésie dans les conditions les plus humbles, dans les occupations rurales les plus vulgaire. Enfin, le caractère du talent de Rousseau se résume en deux mots : sentiment profond de la nature intime, sentiment profond de la vie de campagne. Or, qu’est-ce que cela ? sinon la définition de la grande école paysagiste du XIXe siècle ;