Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/75

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l’on s’enracine avec ses arbres ? C’est tout un changement d’existence. Cueillir ses fleurs, faire ses bouquets, récolter ses fruits, ramasser ses œufs, revenir des bois avec des brassées de plantes sauvages et en habiller les coins du salon, tout cela devient autant d’occupations qui calment, rassérènent, reposent, retrempent. Puis, peu à peu, la famille s’agrandissant, la petite maison devient centre. Là s’élèvent les enfants, là se retirent les vieux, là se refont les santés, là s’équilibrent les budgets, là se passent les premiers jours des lunes de miel ; là, à l’automne, au temps des vacances et des chasses, se réunissent les parents que la vie disperse et sépare. On se retrouve comme au pays natal. C’est une petite patrie de la grande. A qui les classes moyennes doivent-elles cette vita nuova ? A Rousseau.


La Famille.

J.J Rousseau a fait dans la famille une révolution qui dure encore. Comment ? avec un seul mot : Mères, nourrissez vos enfants.

Cette parole, impérieuse et impérative, retentit dans le dix-huitième siècle comme un coup de clairon. Les hautes classes prirent feu