Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/117

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Lebrun Pindare, a écrit sur Andrieux cette jolie épigramme :

 
Dans ses contes, pleins de bons mots,
Qu’Andrieux lestement compose,
La rime vient mal à propos
Gâter les charmes de la prose.


On eût bien étonné Écouchard Lebrun, si on lui eût dit que de ce poète si dédaigné par lui, il resterait un chef-d’œuvre ; et que de lui, il ne resterait rien. Ce chef-d’œuvre, c’est le Meunier Sans-Souci. On y trouve comme un écho de l’esprit de Voltaire et de la bonhomie de la Fontaine. Les jeunes gens qui nous ont précédés le savaient par cœur ; nous l’avons appris comme eux, et nos enfants le répéteront comme nous. Avec ces cent vingt vers, Andrieux en a pour deux cents ans d’immortalité.


II

Changeons de théâtre, changeons de chaire, changeons d’orateur. A la place de la petite salle du Collège de France, qui contient trois cents personnes, entrons dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, qui en contient deux mille, et, au lieu du spirituel causeur de la place Cambrai, abordons avec M. Villemain le grand critique et le grand professeur.

La critique est un des titres de gloire de notre époque. Si le dix-neuvième siècle égale les deux grands siècles