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CHAPITRE III

PROSPER GOUBAUX


On a déjà vu Goubaux à l’œuvre dans les coulisses du Vaudeville, et on a pu le juger. Un auteur dramatique qui, le jour d’une chute, plaint ses interprètes au lieu de se plaindre d’eux, les console au lieu de les accuser, et leur demande pardon de leur avoir donné un mauvais rôle, n’est-ce pas déjà un portrait ? Non, ce n’est qu’un profil, car Goubaux eut deux professions, deux professions si opposées qu’elles semblent s’exclure, et il se montra aussi éminent dans toutes deux que s’il n’en eût exercé qu’une seule. Il fut auteur dramatique et instituteur. Comme auteur dramatique, il appartient à la race d’élite des créateurs. Comme instituteur, il a sa place parmi les bienfaiteurs publics ; la France lui doit une forme nouvelle d’éducation. Or, de cette double existence si féconde, que reste-t-il ? Pas même un nom. A peine un souvenir. Ses drames sont signés d’un