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CHAPITRE VIII

CHRÉTIEN URHAN


Dans les premières années du règne de Louis-Philippe, on pouvait voir tous les jours, vers les six heures, passer sur le boulevard des Italiens, un petit homme, voûté, je pourrais dire bossu, enveloppé dans une longue redingote bleu clair, et son attitude méditative, son front penché, ses yeux toujours tournés vers le sol, son teint plombé, son long nez à la Pascal, sa figure d’ascète du moyen âge, faisaient dire à ceux qui le rencontraient : Qu’est-ce que c’est que cet homme-là ? La surprise redoublait, quand on voyait ce personnage cénobitique s’arrêter au coin de la rue Marivaux et entrer au Café anglais. La surprise devenait de la stupéfaction, si vers les sept heures, on l’apercevait quittant le Café anglais, se dirigeant du côté de la rue Le Peletier, entrant à l’Académie royale de musique par la porte des artistes, et enfin allant prendre place parmi les