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CHAPITRE XIII

DEUX CONSEILLERS DRAMATIQUES


De tous les ouvrages de l’esprit, ceux qui réclament le plus le conseil, ce sont les ouvrages dramatiques. Pourtant on répète souvent aux jeunes auteurs : « Ne consultez pas trop. Restez vous-mêmes. Craignez qu’on ne porte atteinte à votre originalité. » A quoi je réponds par l’exemple de Molière, consultant avec fruit, non seulement sa servante, mais le prince de Condé. Quand les trois premiers actes de Tartuffe furent achevés, Molière les lut au prince. « Il manque une scène dans votre pièce, Molière. ― Laquelle, prince ? ― On va vous accuser d’impiété ; répondez d’avance à la critique en marquant la différence entre les faux et les vrais dévots. » De là naquit l’admirable tirade :


Il est de faux dévots ainsi que de faux braves.