Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/681

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XV

JEAN REYNAUD


Il y a des écrivains qui sont tout entiers dans leurs écrits. Chez d’autres, l’homme moral et la personne complètent l’artiste. Tel fut Reynaud. Le lire, c’était sans doute le connaître, mais pour le comprendre, il fallait le voir. Ce regard incomparable, ce mélange singulier d’austérité quelque peu hautaine, et de cordialité pleine de bonhomie ; cette bouche où le rire s’épanouissait si largement, et qui tout à coup, à l’aspect d’un vice ou d’une bassesse, devenait si frémissante, on peut dire si terrible d’indignation et de mépris ; cette belle taille d’allure si fière, cette parole dont l’éloquence allait toujours grandissant à mesure qu’il parlait… Lui enfin ! Ce lui, qui occupait une telle place et qui a laissé un tel vide dans tant de cœurs, voilà ce que je voudrais tâcher de reproduire.

Toute une âme tient parfois dans une courte définition.