Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/783

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XVIII

UN MOT DE VICTOR HUGO ― ALFRED DE MUSSET


Victor Hugo avait été un des embarras de mon discours sur Lamartine ; je ne voulais le mettre ni au-dessus, ni au-dessous. Je pris le parti de lui faire une place à part, qui est du reste celle qu’il mérite.

Il m’en sut gré ; et m’écrivit de venir dîner avec lui pour causer. Nous étions presque seuls. Il demeurait alors rue de Clichy. Il se montra, ce qu’il était toujours dans l’intimité, bon enfant, amusant, conteur, rieur, tout le contraire enfin de ce qu’on se figure sous ce mot : Un grand poète. Il me vanta beaucoup Boileau, et comme je souriais avec un air de doute, il me cita plusieurs vers des satires, et entre autres ce passage :

 
Et dans quatre mouchoirs de sa beauté salis
Envoie au blanchisseur ses roses et ses lis.


La conversation tomba bientôt sur mon discours. « Je l’ai lu avec grand plaisir, me dit-il, mais vous mettez A. de Musset trop haut. C’est un de ces artistes