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Page:Leibniz-en.francais-Gerhardt.Math.1a7.djvu/365

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I.
Varignon an Leibniz.

A Paris ce 28. Novembre (1701).

Soufrez que je prenne la liberté de vous asseurer moy même de mes très humbles respects, et de vous donner avis d’un Ecrit qu’on répand ici sous vôtre nom par raport à la contestation que vous sçavez être entre M. Rolle et moy sur votre calcul qu’il prétend fautif et paralogistique. M. l’Abbé Galloys, qui est celuy qui le fait agir, répand ici que vous avez déclaré n’entendre par differentielle ou Infinement petit, qu’une grandeur à la vérité très petite, mais cependant toujours fixe et déterminée, telle qu’est la Terre par raport au firmament, ou un grain de sable par raport à la Terre : au lieu que j’ay appelé Infiniment petit ou differentielle d’une grandeur, ce en quoy cette grandeur est Inépuisable. J’ay, dis-je, appelé Infini ou Indéfini, tout Inépuisable ; et Infiniment ou Indéfinement petit par raport à une grandeur, ce en quoy elle est inépuisable. D’ou'j’ay conclu que dans le calcul différentiel, Infini, Indéfini, Inépuisable en grandeur, plus grand que quelque grandeur qu’on puisse assigner, ou Indéterminablement grand, ne signifient que la même chose, non plus que Infiniment ou Indéfiniment petit, plus petit que quelque grandeur qu’on puisse assigner, ou Indéterminablement petit. Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien m’envoyer vôtre sentiment sur cela, affin d’arrêter les ennemis de ce calcul, qui abusent ainsy de vôtre nom pour tromper les Ignorans et les Simples. Le Professeur des Mathématiques des Jésuites d’ici, m’a fait voir cet Ecrit qu’il m’a dit leur avoir été envoyé de vôtre part pour être inséré dans les Journaux de Trévoux, comme