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Page:Leibniz-en.francais-Gerhardt.Math.1a7.djvu/483

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des Sciences de Paris), où il y a des erreurs de fait qui me regardent. Et, comme il importe beaucoup pour l’avancement même des Sciences, que les personnes appliquées aux méditations profondes joignent les bonnes qualités du coeur à celles de l’esprit, j’ai crû à propos d’éclaircir et de rectifier quelques endroits de cet Article, qui pourroient faire tort à Mrs. Bernoulli et à moi. Parmi les choses avantageuses qu’on a la bonté de dire de moi et qu’un dit d’eux avec justice, on en ajoute, que des Juges sévères auroient raison, à mon avis, de condamner. Car on insinue, qu’ayant laissé entrevoir quelque chose de mon système des Infinitesimales, Mrs. Bernoulli avoient médité si profondément sur ces foibles rayons, qui m’étoient échappés, qu’ayant résolu de m’enlever la gloire de l’invention, ils y avoient réussi, et avoient même publié mon système avant moi. Il semble que c’est me faire passer pour envieux, et eux pour injustes. L’un et l’autre est sans fondement Voici le fait. Ayant trouvé mon nouveau calcul dès l’an 1674, je fus longtems sans en rien faire paroître, parce qu’étant retourné de France en Allemagne, j’eus des occupations et des emplois qui m’en détournèrent. L’affaire méritoit un Ouvrage exprès, et je n’avois pas tout le loisir qu’il demandoit, pour répondre à mes vûes et à l’attente du Public, outre que j’ai toujours eu de la peine à travailler sur ce que j’avois déjà en mon pouvoir, aimant à pousser plusieurs autres vûes d’une nature toute différente dont je pourrai peut-être quelque jour entretenir encore le Public, si Dieu me continue la vie et la santé. Cependant, quelques-uns de mes anciens amis, et particulièrement Mrs. Menken et Pfauz, ayant commencé le Journal de Leipsic, je fus bien aise de leur communiquer quelques échantillons de mes méditations Géométriques, pour contribuer à varier leurs collections. L’approbation publique et leurs invitations m’engagèrent à continuer de tems en tems. Enfin, ne me voyant ni trop en état, ni assez eu humeur de travailler à l’Ouvrage de ma nouvelle Analyse, je pris la résolution, de peur qu’elle ne se perdît, d’en publier des Elémens en abrégé, c’est à dire, l’Algorithme de ce calcul, qui en contient l’application à l’addition et soustraction, à la multiplication et division, et aux puissances et racines. Feu Mr. Bernoulli Professeur de Basle m’écrivit là-dessus, et me demanda quelque éclaircissement sur la résistance des solides, dont j’avais donné une détermination dans le Journal de Leipsic au-delà de celle de Galilée.