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Page:Leibniz-en.francais-Gerhardt.Math.1a7.djvu/500

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I.
Remarque sur la controverse entre M. de Leibniz et M. Newton.

La Relation mise sur ce sujet dans les Nouvelles literaires qu’on publie à la Haye depuis peu, est pleine d’erreurs de faits palpables, qui viennent d’une très mauvaise information. Cette controverse n’a jamais été agitée autresfois entre ces deux Messieurs, jamais M. Newton n’avoit donné à connoitre qu’il pretendoit ravir à M. de Leibniz la glorie d’avoir inventé de son chef le calcul des différences. Et M. de Leibniz n’a jamais sçeu que par ceux qui ont vû le Commercium Epistolicum publié depuis à Londres (car étant à Vienne maintenant, il ne l'a pas encor vû luy même), que M. Newton prenoit part à la chicane que des personnes malinformées ou envieuses avoienl suscitée depuis peu. M. de Leibniz n’a jamais communiqué ses Raisons à la Société Royale d’Angleterre, ne croyant pas en avoir besoin dans une affaire evidente, il avoit seulement écrit qu’il ne doutait point que la Société et M. Newton luy même ne desapprouvassent ce procédé. Ainsi la Société n’a point pû examiner les Raisons de part et d’autre pour prononcer la-dessus.

Voicy maintenant un rapport véritable. Il y a eu un commerce de lettres entre Messieurs de Leibniz, Oldenbourg, Newton, Collins et autres il y a quarante ans, et un peu avant et après. Quelque chose en a été publiée par feu M. Wallis dans le troisième Tome de ses Oeuvres Mathématiques. On y voit que M. Newton faisoit un Mystère d’une certaine chose qu’il disoit avoir découverte et qu’il a voulu faire passer par apres pour le calcul des Différences, au lieu que M. de Leibniz luy communiqua franchement le fondement de ce calcul, comme ces mêmes lettres publiées par M. Wallis le témoignent, quoyqu’il se soit trouvé que M. Newton ne l'ait pas bien compris surtout par rapport aux différences des différences. Or depuis on a trouvé encore d’autres lettres échangées par M. Collins et ses amis, et on les a publiées maintenant à Londres avec des Additions, dans lesquelles on a prétendu sur des conjectures frivoles et fausses suppositions que le Calcul des différences etoit dû à M. Newton, et que M. de Leibniz l’avoit appris de luy, quoyque le contraire se voye clairement et en termes exprès dans leur