Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 1.djvu/436

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douleur, dont je vous ay entretenu en quelques lettres, et de ses remarques sur Diogene Laërce, touchant la vie et les dogmes des Philosophes ; il appeloit ce dernier son Spicilegium, et assurement il nous auroit donné des remarques plus considerabies que beaucoup d'autres Auteurs qui se sont mellez d’écrire touchant Ies sentimens des Philosophes qu’ils n’entendoient pas assez ; il m'a ecrit qu’il travailloit à mettre ces remarques au net. Je ne scais ce qui en sera de la part de M.rs ses heritiers, mais je scais bien que vous aviez raison de dire qu’il nous devoit donner Lantiniana de son vivant. Les ouvrages poslhumes ne vallent pas grand chose, et jay une joye extreme de oe que vous nie temoignest que vous alles donner voire Systeme de la concomitence. Tout ce qui viendra dune personne aussi habile que vous, Monsieur, ne peut questre fort utile au public. Vous m’en avez ecrit quelque chose il y a environ dix ans, mais la matiere demande de Tedaircissement et j’en attends avec plaisir, pourvu que vous ne tardiez pas a tenir vostre promesse. Mes meditations conlinuent toujpurs et l'esprit travaille sans cesse sans se reposer ; mais neanmoins je ne compose pas nestant point assur de faire imprimer en ce tems, oü le. commerce de iivres est suspendu. D’aillours, les Iivres de Philosophie ne sont pas recberchez par Ies libraires : ils veulent de6 malieres du goust commun, ils veulent des plaisanteries, et des hisloires leur plairoient beaucoup plus que les plus profondes et plus solides meditations. Cest pour ce sujet, et pour quelques autres raisons encore, que Ies plus habiles de TAntiquit ne nous ont donne que ce quils avoient de moindre et qu’ils ont empörte avec eux leurs plus excellentes connoissances. La Gensure de M d’Avranches a est imprim6e pour la sexxHide fois. Nous avons a cet heure peu de philosophes et je ne connots presque que des gens entestez les uns pour Descartes, et les autres contre ce mesme philosophe. L’esprit est naturellement volage, et parce quon n’estime point assez les verits evidentes, on se plonge volontiers dans des sentimens peu solides et mesme contraires entreux. Cependant oportet Constare sibi. Le Pere Malebranche a assurement l'esprit bon et penetrant, mais il est embarrass6 dans son Systeme des ides, qui ne sont pas des faoons d’estre de nostre ame et sont hors de nous, et quand on luy demande comment il faut concevoir que nous ayons des perceptions de ces ides, quil veut estre hors de nous, il repond quil ne comprend pas comment cela se fait et qu’il ne pense pas qu’on le puisse jamais coroprendre ; mais il entre par là dans un profond pyrronisme. Je suis etc.