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114 Mimi ; au flmauib.

créée de telle sorte qu’en *vertu des propres loix de sa nature il luy doit arriver de s’accorder avec ce qui se passe dans les corps, et particulièrement dans le sien, il ne faut donc pas s’étonner qu’il luy appartient de se représenter la piqueure, lorsqu’elle arrive à son corps. Et pour achever de m’expliquer sur cette matière, soyent :

Estat des corps au moment À Estat de l’ame au moment A Estat des corps au moment sui- Estat de l’ame au moment B vant B [piqueure]. [douleur].

Comme donc Pestat des corps au moment B suit de Pestat des corps au moment A, de même B estat de l’ame est une suite d’/1, estat précédent de la même ame, suivant la notion de la substance en général. Or les estats de l’ame sont naturellement et essentiellement des expressions des estats repondans du monde, et particulièrement des corps qui leur sont alors propres ; donc puisque la piqueure fait une partie de l’estat du corps au moment B, la représentation ou expression de la piqueure, qui est la douleur, fera aussi une partie de l’estat de l’ame au moment B ; car comme un mouvement suit d’un autre mouvement, de même une représentation suit d’une autre représentation dans une substance dont la nature est d’estre représentative. Ainsi il faut bien que l’ame s’apperçoive de la piqueure, lorsque les loix du rapport demandent qu’elle exprime plus distinctement un changement plus notable des parties de son corps. Il est vray que l’ame ne s’apperçoit pas tousjours distinctement des causes de la piqueure et de sa douleur future, lorsqu’elles sont encor cachées dans la représentation de l’estat A, comme lorsqu’on dort ou qu’autrement on ne voit pas approcher Pépingle, mais c’est parce que les mouvemens de Pépingle font trop peu d’impression alors, et quoyque nous soyons déjà affectés en quelque sorte de tous ces mouvemens et les représentations dans nostre ame, et qu’ainsi nous ayons en nous la représentation ou expression des causes de la piqueure, et par conséquent la cause de la représentation de la même piqueure, c’est à dire la cause de la douleur ; nous ne les sçaurions démêler de tant d’autres pensées et mouvemens que lorsqu’ils deviennent considerables. Nostre ame ne fait reflexion que sur les phenomenes plus singuliers, qui se distinguent des autres, ne pensant distinctement à aucuns, lorsqu’elle pense également a tous. Après cela je ne sçaurois deviner, en quoy on puisse plus trouver la moindre ombre de difficulté, à moins que de nier que Dieu puisse créer des substances