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Page:Leibniz - Die philosophischen Schriften hg. Gerhardt Band 2.djvu/128

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Leibniz au Arnauld. 115

qui soyent d’abord faites en sorte qu’il leur arrive en vertu de leur propre nature de s’accorder dans la suite avec les phenoménes de tous les autres. Or il n’y a point d’apparence de nier -cette possibilité, et puisque nous voyons que des Mathematiciens représentent les mouvemens des cieux dans une machine (comme lorsque

Jura poli rerumque fidem legesque deorum

Cuncta Syracusius transtulit arte senex,

ce que nous pouvons bien mieux faire aujourd’huy qu’Archimede ne pouvoit de son temps), pourquoy Dieu qui les surpasse infiniment ne pourrat-il pas d’abord créer des substances représentatives en sorte qu’elles expriment par leurs propres loix suivant le changement naturel de leurs pensées ou représentations tout ce qui doit arriver à tout corps, ce qui me paroist non seulement facile à concevoir, mais encor digne de Dieu et de la beauté de l’univers, et en quelque façon necessaire, toutes les substances devant avoir une harmonie et liaison entre elles, et toutes devant exprimer en elles le même univers, et la cause universelle qui est la volonté de leur créateur, et les décrets ou loix qu’il a establies pour faire qu’elles s’accommodent entre elles le mieux qu’il se peut. Aussi cette correspondance mutuelle des différentes substances (qui ne sçauroient agir l’une sur l’autre a parler dans la rigueur metaphysique, et s’accordent neantmoins comme si l’une agissoit sur l’autre) est une des plus fortes preuves de l’existence de Dieu ou d’une cause commune que chaque effect doit tousjours exprimer suivant son point de veue et sa capacité. Autrement les phenomenes des esprits differens ne s’entraccorderoient point,et il y auroit autant de systèmes que de substances ; ou bien ce seroit un pur hazard, s’ils s’accordoient quelques fois. Toute la notion que nous avons du temps et de l’espace est fondée sur cet accord, mais je n’aurois jamais fait, si je devois expliquer à fonds tout ce qui est lié avec nostre sujet. Cependant j’ay mieux aimé d’estre prolixe que de ne me pas exprimer assez.

Pour passer à vos autres doutes, je croy maintenant, que vous verres,Monsieur, comment je l’entends, quand je `dis qu’une substance corporelle se donne son mouvement elle même ou plustost ce qu’il y a de reel dans le mouvement à chaque moment, c’est à dire la force derivative, dont il est une suite ; puisque tout estat précédent d’une substance est une suite de son estat précédent. Il est vray qu’un corps qui n’a point de mouve-. 9’