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tous veu une partie de la vérité, mais ils ne l’ont point developpée ; plusieurs ont cru la transmigration, d’autres la traduction des ames, au lieu de s’aviser de la transmigration et transformant d’un animal déjà formé. D’autres ne pouvant expliquer autrement l’origine des formes, ont accordé qu’elles commencent par une véritable création, et au lieu que je n’admets cette création dans la suite des temps qu’à l’égard de` l’ame raisonnable, et tiens que toutes les formes qui ne pensent point ont esté créées avec le monde, ils croyent que cette création arrive tous les jours quand le moindre vers est engendré. Philopone, ancien interprète d’Aristote dans son livre contre Proclus, et Gabriel Biel semblent avoir esté de cette opinion. Il me sembléque S. Thomas tient l’ame des bestes pour indivisible. Et nos Cartesiens vont bien plus loin, puisqu’ils soutiennent que toute ame et forme substantielle véritable doit estre indestructible et ingénérable. C’est pour cola qu’ils la refusent aux bestes, bien que M. des Cartes dans une lettre à M. Morus témoigne de ne vouloir pas asseurer qu’elles n’en ont point. Et puisqu’on ne se formalise point de ceux qui introduisent des Atomes tousjours subsistans, pourquoy trouverat-on estrange qu’on dise autant des ames à qui l’indivisibilité convient par leur nature, d’autant qu’en joignant le sentiment des Cartesiens touchant la substance et Pame avec celuy de toute la terre touchant l’ame des bestes, cela s’ensuit necessairement. Il sera difficile d’arracher au genre humain cette opinion receue tousjours et par tout, et catholique s’il en fut jamais, que les bestes ont du sentiment. Or supposant qu’elle est véritable, ce que je tiens touchant ces ames n’est pas seulement necessaire suivant les Cartesiens, mais encor important pour la morale et la religion, à fin de detruire une opinion dangereuse, pour la quelle plusieurs personnes d’esprit ont du penchant et que les philosophes Italiens, sectateurs d’Averroes, avoient repandue dans le monde, sçavoir que les ames particulières retournent à l’ame du Monde lorsqu’un animal meurt, ce qui répugne à mes demonstrations de la nature de la substance individuelle, et ne sçauroit estre conçu distinctement ; toute substance individuelle devant tousjours subsister à part, quand elle a une fois commencé d’estre. C’est pourquoy les vérités que j’avance sont assez importantes, et tous ceux qui reconnoissent les ames des bestes les devant approuver, les autres au moins ne les doivent pas trouver estranges.

Mais pour venir à vos doutes sur cette indestructibilité,