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116 Leibniz au Arnauld.

ment ne s’en peut pas donner ; mais je tiens qu’il n’y a point de tel corps*). Vous me dirés que Dieu peut réduire un corps à l’estat d’un parfait repos, mais je reponds que Dieu le peut aussi réduire à rien, et que ce corps destitué d’action et de passion n’a garde de renfermer une substance, ou au moins il suffit que je déclare, que si jamais Dieu réduit quelque corps à un parfait repos, ce qui ne se sçauroit faire que par miracle, il faudra un nouveau miracle pour luy rendre quelque mouvement. Vous voyés aussi que mon opinion confirme plustost qu’elle ne détruit lapreuve du premier moteur. Il faut tousjours rendre raison du commencement du mouvement et de ses loix et de l’accord des mouvemens entre eux ; ce qu’on ne sçauroit faire sans recourir à Dieu. Au reste ma main se remue non pas à cause que je le veux, car j’ay beau vouloir qu’une montagne se remue, si je n’ay une foy miraculeuse, il ne s’en fera rien ;mais parce que je ne le pourrois vouloir avec succès, si ce n’estoit justement dans le moment que les ressorts de la main se vont debander comme il faut pour cet effect ; ce qui se fait d’autant plus que mes passions s’accordent avec les mouvemens de mon corps. L’un accompagne tousjours l’autre en vertu de la correspondance establie cy dessus, mais chacun a sa cause immediate chez soy.

Je viens à l’article des Formes ou Ames que je tiens indivisibles et indestructibles. Je ne suis pas le premier de cette opinion. Parmenide(dont Platon parle avec veneration) aussi bien que Melisse a soutenu qu’il n’y avoit point de génération ny corruption qu’en apparence ; Aristote le témoigne livre 3. du ciel chap. 2. Et l’auteur du 4. libre de Diaeta qu’on attribue à Hippocrate dit expressement qu’un animal ne sçauroit estre engendré tout de nouveau, ny détruit tout à fait. Albert le Grand et Jean Bacon semblent avoir crû, que les formes substantielles estoient déjà cachées dans la matière de tout temps ; Fernel les fait descendre du ciel, pour ne rien dire de ceux qui les detachent de l’ame du monde. Ils ont Î

  • ) Im Original findet sich hier die folgende Stelle, bei Leibniz durch Klammern eingeschlossen, zum Zeichen daß sie, wie er auch ausdrücklich bemerkt hat, in der Abschrift des Briefes wegbleiben soll:aussi les corps à parler dans la rigueur ne sont pas poussés par les autres,quand il se fait un choc, mais par leur propre mouvement, ou par leur ressort. qui est encor un mouvement de leur parties. Toute masse corporelle grande ou petite a

déjà en elle toute la force qu’elle peut jamais acquérir, mais la rencontre des autres corps ne luy en donne que la détermination, ou plustost cette détermination n’arrive que dans le temps de la rencontre.