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Leibniz an Bourguet

de la génération des Animaux, qui doit avoir de l’Analogie avec celle des plantes. Mons. Camerarius de Tübingen a crû que la graine y etoit comme l’ovaire, et le pollen (quoyque dans la meme plante) comme le sperme du mâle. Mais quand cela seroit vray, la question resteroit tousjours, si la base de la transformation ou le vivant preformé est dans l’ovaire, suivant M. Vallisnieri, ou dans le sperme suivant Leeuwenhoek. Car je tiens qu’il faut tousjours un vivant preformé, soit plante soit animal, qui soit la base de la transformation, et que la meme Monade dominante y soit : personne n’est plus propre à éclaircir ce doute que M. Vallisnieri, et je souhaite extrêmement de voir bientôt sa dissertation ; sa dédicace me feroit plus d’honneur que je ne merite.

Lorsque je tiens qu’il n’y a point de Chaos, je n’entends point que nostre globe ou d’autres corps n’ayent jamais esté dans un estât de confusion extérieure : car cela seroit dementi par l’experience. La masse que le Vesuve jette (par exemple) est un tel chaos ; mais j’entends que celuy qui auroit les organes sensitifs assés penetrans pour s’apercevoir des petites parties des choses, trouveroit tout organisé. Et s’il pouvoit augmenter sa pénétration continuellement selon le besoin, il verroit tousjours dans la meme masse des organes nouveaux qui y etoient imperceptibles par son degré précédant de pénétration. Car il est impossible qu’une creature soit capable de tout penetrer à la fois dans la moindre parcelle de la matière, puisque la sous-division actuelle va à l’infini. Ainsi le Chaos apparent n’est que dans une espece d’eloignement, comme dans un réservoir plein de poissons, ou plustost comme dans une armée vue de loin, où l’on ne sauroit distinguer l’ordre qui s’y observe. Je crois donc que notre globe a esté un jour dans un état semblable à celuy d’une montagne ardente ; et c’est alors que les minéraux qui se découvrent aujourdhuy, et qu’on peut imiter dans nos fourneaux, ont été formés. Vous trouverés ma conjecture expliquée plus amplement dans un vieux Schediasma mis dans les Actes de Leipzig, sous le titre de Protogaea ; et je souhaiterois d’en apprendre votre sentiment, et aussi celuy de M. Vallisnieri. Les rochers qui sont (pour ainsi dire) les ossemens de la terre, sont des scories ou vitrifications de cette ancienne fusion : le sable n’est que du verre de

ker et à d’autres. Ce que je dis non pas pour contredire à M. Vallisnieri, ny pour prévenir son jugement, qui a un grand poids auprès de moy, mais pour l’animer d’avantage à éclaircir cette importante matière.