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Leibniz an Bourguet

cette vitrification pulvérisé par le mouvement. L’eau de la Mer est comme un Oleum per deliquium, fait par le refroidissement, après la calcination. Voila trois matières fort etendues sur la superficie de nostre globe (savoir la mer, les rochers et le sable) expliquées assés naturellement par le feu, dont il ne sera point facile de rendre raison par une autre hypothèse. Cette eau a couvert un jour tout le globe, et y a causé bien des changemens avant même le deluge de Noé. Je panche donc assez vers le sentiment ou de Mr. Descartes, qui juge que nostre terre a été autres fois une étoile fixe, ou vers celuy de mon cru, qu’elle pourroit avoir été partie d’une etoile fixe, car il pourroit avoir été une pièce fondue ou grande macule jettée hors du Soleil, où elle tache tousjours de retomber.

Je souhaiterois d’apprendre toute la procédure du Mercure tiré du fer, quand ce ne seroit que d’un fer d’une certaine espece, où il y eût de l’etain. Cette experience meriteroit d’etre repetée plusieurs fois, surtout celle de l’attraction qu’on y doit avoir remarquée. Si le Mercure étoit déjà dans cette masse, c’est beaucoup que le feu ne l’en avoit chassé auparavant quand ce fer a passé par le feu. Et l’attraction de ce Mercure par le feu que M. Zanichelli rapporte me paroist considérable. J’avoue que jusqu’icy je n’ay rien vu de la transmutation des métaux ; cependant je n’ose point dire qu’elle soit impossible ; je seray ravi d’apprendre d’avantage de vos pensées et observations sur les Minéraux.

Je viens à ce que vous dites, Monsieur, du R. P. Malebranche. S’il croit véritablement qu’il y a quelque chose d’actif en nous, qui détermine nostre volonté, pourquoy ne veut il rien admettre d’Analogique dans les autres substances ? Mais j’ay peur qu’il n’admette en nous ce principe determinant que pour se tirer de quelques difficultés Theologiques. Quand je parle de la force et de l’Action des Créatures, j’entends que chaque Creature est présentement grosse de son état futur, et qu’elle suit naturellement un certain train, si rien ne l’empeche ; et que les Monades, qui sont les véritables et uniques substances, ne sauraient etre empechées naturellement dans leur déterminations intérieures, puisqu’elles enveloppent la représentation de tout externe. Mais je ne dis pas pour cela que l'estat futur de la Creature suive de son état present sans le concours de Dieu, et je suis plustôt dans le sentiment que la conservation est une création continuelle avec un changement conforme à l’ordre. Ainsi le P. Malebranche pourroit peutetre approuver l’Harmonie préétablie, sans renoncer à son