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Remond à Leibniz

droit que je l’appuyasse par quelque usage palpable, mais pour cet effect il faudroit fabriquer une partie au moins de ma Caractéristique, ce qui n’est pas aisé, sur tout dans Tétat où je suis, et sans la conversation de personnes qui me puissent animer et assister dans des travaux de cette nature.

La source de nos embarras sur la composition du Continu vient de ce que nous concevons la matière et l’espace comme des substances, au lieu que les choses materielles en elles mémés ne sont que des phenomenes bien réglés : et Spatium nihil aliud est praecise quam ordo coëxistendi, ut Tempus est ordo existendi, sed non simul. Les parties, autant qu’elles ne sont point marquées dans l’étendue par des phenomenes effectifs, ne consistent que dans la possibilité, et ne sont dans la ligne que comme les fractions sont dans l’unité. Mais en supposant tous les points possibles, comme actuellement existans dans le tout (ce qu’il faudroit dire si ce tout estoit quelque chose de substantiel composé de tous ses ingrédiens) on s’enfonce dans un labyrinthe inextricable.

J’en ay dit quelque chose autres fois à M. Hugony, qui me marque dans sa lettre avoir l’honneur, Monsieur, d’etre connu de vous. 11 a vu aussi mes Réflexions assés étendues sur l’ouvrage de M. Locke, qui traite de l’entendement de l’homme. Mais je me suis dégoûté de publier des réfutations des auteurs morts, quoyqu’elles dùssent parottre pendant leur vie, et etre communiquées à eux mémés. Quelques petites remarques m’échappèrent, je ne say comment, et furent portées en Angleterre par un parent de feu M. Burnet, Eveque de Salisbury. M. Locke les ayant vues en parla avec mépris dans une lettre à M. Molineux, qu’on peut trouver parmy d’autres lettres posthumes de Mr. Locke. Je n’en appris son jugement qu’après cette impression. Je ne m’en etonne point : nous estions un peu trop differens en principes, et ce que j’avançois luy paroissoit des paradoxes. Cependant un ami plus provenu pour moy, et moins provenu pour M. Locke, me mande que ce qu’on y a inséré de mes reflexions luy paroist le meilleur qu’il y ait dans cette Collection. Je n’adopte point ce jugment ne l’ayant point vue. M. Locke avoit de la subtilité et de l’adresse, et quelque espece de Métaphysique superficielle qu’il sa voit relever, mais il ignoroit la methode des Mathématiciens.

C’est dommage que M. Pascal, esprit tres mathématique et tres métaphysique en même temps, s’est affoibli de trop bonne heure (comme M.