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Page:Leibniz - Nouveaux Essais sur l’entendement humain, 1921.djvu/128

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de bien qu’une pure velléité, terme qu’on a employé pour signifier le plus bas degré du désir, qui approche le plus de cet état où se trouve l’âme à l’égard d’une chose qui lui est tout à ait indifférente, lorsque le déplaisir que cause l’absence d’une chose est si peu considérable qu’il ne porte qu’à de faibles souhaits sans engager de se ’ servir des moyens de l’obtenir. Le désir est encore éteint ou ralenti par l’opinion où l’on est que le bien souhaité ne peut être obtenu à proportion que l’inquiétude de l’âme est guérie ou diminuée par cette considération. Au reste j’ai trouvé ce que je vous dis de l’inquiétude dans ce célèbre auteur anglais dont je vous rapporte souvent les sentiments. J’ai été un peu en peine de la signification du mot anglais uneasiness. Mais l’interprète français, dont l’habilité à s’acquitter de cet emploi ne saurait être révoquée en doute, remarque au bas de la page (chap., § 6) que par ce mot anglais l’auteur entend l’état d’un homme qui n’est pas à son aise, le manque d’aise et de tranquillité dans l’âme, qui à cet égard est purement passive, et qu’il a fallu rendre ce mot par celui d’inquiétude, qui n’exprime pas précisément la même idée, mais qui en approche le plus près. Cet avis (ajoute-t-il) est surtout nécessaire par rapport au chapitre suivant, De la puissance, où l’auteur raisonne beaucoup sur cette espèce d’inquiétude, car si l’on n’attachait pas à ce mot l’idée qui vient d’être marquée, il ne serait pas possible de comprendre exactement les matières qu’on traite dans ce chapitre et qui sont des plus importantes, et des plus délicates de tout l’ouvrage.

Théophile. L’interprète a raison, et la lecture de son excellent auteur m’a fait voir que cette considération de l’inquiétude est unpoint capital, où cet auteur a montré particulièrement son espril pénétrant et profond. C’est pourquoi je me suis donné quelque attention, et après avoir bien considéré la chose, il me paraît quasi que le mot d’inquiétude, s’il n’exprime pas assez le sens de l’auteur, convient pourtant assez à mon avis à la nature de la chose ci celui d’uneasiness, s’il marquait un déplaisir, un chagrin, un( incommodité, et en un mot quelque douleur effective, n’y convien drait pas. Car j’aimerais mieux dire que dans le désir en lui-même il v a plutôt une disposition et préparation à la douleur que de la douleur même. Il est vrai que cette perception quelquefois ne diffère de celle qu’il y a dans la douleur que du moins au plus, mais c’est que le degré est de l’essence de la douleur, car c’est une perception notable. On voit aussi cela par la différence qu’il y a entre l’appétit et la