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HISTORIQUE DES NOUVEAUX ESSAIS

L’Essai sur l’entendement humain du grand philosophe anglais Locke (1632-1704) fut terminé en 1687, et un extrait en parut dans la Bibliothèque universelle de Leclerc, la même année. L’ouvrage lui-même fut mis en librairie en 1690. Les éditions se succédèrent rapidement, et, en 1700, parut la traduction française de Coste, qui fit beaucoup pour vulgariser l’ouvrage.

L’extrait de 1687 frappa vivement Leibniz. En possession du livre, il rédigea quelques notes sous le titre de : Réflexions sur l’Essai de l’Entendement humain de Locke, écrites en 1693, qui furent imprimées pour la première fois en Angleterre, en 1708, dans la correspondance entre Locke et Molyneux. Ces remarques furent envoyées, par l’intermédiaire d’un ami, à Locke qui éluda toute réponse, se contentant d’écrire à Molyneux en combien peu d’estime il les tenait. Leibniz n’eut connaissance de ces lettres qu’à la mort de Locke.

C’est seulement par la traduction française de Coste que Leibniz, qui possédait mal l’anglais, prit complètement connaissance des Essais. Il en comprit plus que jamais l’importance. Locke y abordait, en des livres distincts, les problèmes de l’origine des idées, de la certitude et de l’étendue de la connaissance, du fondement et des divers degrés de la croyance ; il y soutenait l’empirisme contre le rationalisme classique. Leibniz vit toute l’étendue du danger couru parla philosophie qui lui était chère. Se trouvant, pendant l’été ûe 1703, en villégiature à Herrenhausen, près de Hanovre, en la compagnie du prince électeur et de sa mère, hors d’état de composer un travail suivi, il commença à écrire aux heures perdues, à bâtons rompus, les remarques que lui suggérait la lecture de l’ouvrage de Locke. Ces remarques, sous forme de dialogue entre deux interlocuteurs fictifs, Philalèthe et Théophile, l’un partisan de Locke, l’autre de "Leibniz, prirent bien vite les proportions d’un livre, qui fut terminé dès l’année 1704.

Leibniz résolut de publier son ouvrage. Il le fit revoir, au point de vue de la forme, par deux savants français, MM. Hugony et Barbeyrac. La révision ne commença guère qu’en 1705 :