impétuosité, et l’attachement. Il est vrai qu’à mon avis cet attachement des corps vient d’un mouvement plus subtil d’un corps vers l’autre ; mais comme c’est un point qui peut être contesté, on ne doit point le supposer d’abord. Et par la même raison on ne doit point supposer d’abord non plus qu’il y a une solidité originaire essentielle, qui rende le lieu toujours égal au corps, c’est-à-dire que l’incompatibilité, ou pour parler plus juste l’inconsistance des corps dans un même lieu, est une parfaite impénétrabilité qui ne reçoit ni plus ni moins, puisque plusieurs disent que la solidité sensible peut venir d’une répugnance des corps à se trouver dans un même lieu, mais qui ne serait point invincible. Car tous les péripatéticiens ordinaires et plusieurs autres croient qu’une même matière pourrait remplir plus ou moins d’espace, ce qu’ils appellent raréfaction ou condensation, non pas en apparence seulement (comme lorsqu’en comprimant une éponge, on en fait sortir l’eau), mais à la rigueur, comme l’École le conçoit à l’égard de l’air. Je ne suis point de ce sentiment, mais je ne trouve pas qu’on doive supposer d’abord le sentiment opposé, les sens sans le raisonnement ne suffisant point à établir cette parfaite impénétrabilité, que je tiens vraie dans l’ordre de la nature, mais qu’on n’apprend pas par la seule sensation. Et quelqu’un pourrait prétendre que la résistance des corps à la compression vient d’un effort que les parties font à se répandre quand elles n’ont pas toute leur liberté. Au reste pour prouver ces qualités, les yeux aident beaucoup, en venant au secours de l’attouchement. Et dans le fond la solidité, en tant qu’elle donne une notion distincte, se conçoit par la pure raison, quoique les sens fournissent au raisonnement de quoi prouver qu’elle est dans la nature.
§ 4. Philalèthe. Nous sommes au moins d’accord que la solidité d’un corps porte qu’il remplit l’espace qu’il occupe, de telle sorte qu’il en exclut absolument tout autre corps, s’il ne peut trouver un espace où il n’était pas auparavant ; au lieu que la dureté ou la consistance plutôt, que quelques-uns appellent fermeté est une forte union de certaines parties de la matière, qui composent des amas d’une grosseur sensible, de sorte que toute la masse ne change pas aisément de figure.
Théophile. Cette consistance, comme j’ai déjà remarqué, est proprement ce qui fait qu’on a de la peine à mouvoir une partie d’un corps sans l’autre, de sorte que lorsqu’on en pousse l’une, il arrive que l’autre, qui n’est point poussée et ne tombe point dans la ligne de la tendance, est néanmoins portée aussi à aller de ce côté-là par