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XCIII

mutabilité[1]. Des infinités d’infinis, nous dit-il, découlent de la nature de la substance comme ses propriétés et l’inépuisable richesse de ses formes est telle, qu’elle les revêt toutes successivement. Il y a en elle un fond matériel qui suffit à toutes ses transformations. Et comme l’ordre de la nature ne saurait souffrir de création et ne comporte que des générations, tout s’y engendre suivant la loi du progrès à l’infini. Ainsi se compose la grande face de l’univers, à laquelle est jointe une sorte d’âme du monde également infinie.

Je ne relèverai pas ce que cette image contient de périls et d’erreur. Mais, en vérité, Spinoza croit-il que pour expliquer l’organisation et la vie dans la nature, il suffit de revenir à l’âme du monde des stoïciens, et de déclarer le progrès à l’infini. L’âme du monde ! le progrès à l’infini ! Deux grands mots vides de sens, dont Leibniz n’est pas la dupe. Et, en effet, qu’est-ce que cette âme du monde dans le système de Spinoza ? d’où vient-elle ? comment en pourra-

  1. Eth., p. 2, Prop. XIII, Lemma 7, Schol. Ep. 66, p. 593.