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VI

que l’esprit soit forcé, s’il s’élève au-dessus de la quantité divisible et finie, de la quantité imaginaire, d’accorder à l’étendue les caractères de l’Éternité et de l’Infinité. Quant à l’imperfection que vous lui reprochez, elle suit de sa nature, donc elle ne saurait l’altérer. »

C’est ici qu’avec une originalité merveilleuse, Leibniz lui oppose le plus subtil travail de sa métaphysique sur la matière et sur l’étendue. Spinoza met en Dieu l’étendue : Ce n’est pas, nous dit Leibniz, qu’il veuille faire son Dieu corporel. Nullement, il veut seulement qu’il enveloppe la substance étendue ; et il fait de cette dernière un attribut infini de Dieu[1] Mais, d’abord, l’étendue n’est pas une substance ; l’étendue seule est quelque chose d’incomplet, une pure puissance, ce qu’Aristote appelle : δυναμιϰὸν πρῶτον, παθητιϰὸν πρῶτον ὑποϰέιμενον (dunamikon prôton, pathêtikon prôton hupokeimenon), ce que moi j’appelle : Matière première.

Est-ce là ce dont Spinoza entend faire un attribut infini de Dieu ? « Je réponds que l’éten-

  1. Voir Schol. de la Prop. XV et Lettre 72, où il avoue qu’il n’a pas encore pu mettre en ordre ses pensées sur ce sujet, et cela en 1676, une année avant sa mort.