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XIV

des, pouvait-il admettre et employer l’existence d’une loi que l’expérience seule peut fournir, et que rien n’amène dans le progrès d’une déduction logique ? De quel droit pouvait-il enfin appliquer à la cause infinie un principe qui ne pouvait lui être suggéré que par le spectacle des causes secondes dont il prétend se passer ? Évidemment, pour l’admettre, il fallait que Spinoza sacrifiât sa méthode, que parti de la raison il revînt à l’expérience et renversât tout l’ordre de sa philosophie.

Que fait Spinoza : il transforme ce principe[1], il en fait un axiome de la raison. Ce principe, que lui fournit la grossière existence des êtres finis, il lui donne la valeur d’une cause efficiente, et il le formule ainsi : « Tout est en Dieu, c’est-à-dire Dieu renferme l’être et l’idée de chaque chose. » C’est la formule de son panthéisme, il ne dit pas : « Tout est de Dieu, ex Deo, c’est-à-dire Dieu produit l’existence de chaque chose conforme à son idée qui est en lui. Tout est en Dieu, in Deo. Dieu renferme l’être et l’idée de

  1. Voir sa Lettre XIX.