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XVIII

ne peut comprendre les existences sans Dieu. L’essence est simple, elle n’enveloppe que des vérités éternelles ou nécessaires. La notion de l’existence est complexe, elle requiert autre chose. Cette distinction se retrouve entre l’espèce et l’individu ; rien que d’abstrait et de théorique dans la notion de la sphère en général ; mais au contraire, la notion d’une certaine sphère donnée doit enfermer tout ce qui appartient au sujet de cette forme. La première n’exprime que les vérités éternelles, la seconde enferme quelque libre décret de Dieu, la suite de l’univers, l’ordre même de la création. Donc l’ordre de la création, le plan du monde, nié et méconnu par Spinoza, est d’une importance considérable même dans des méditations abstraites sur la nature des choses. La vraie philosophie le consulte, la fausse seule prétend s’en passer[1].

C’est pour ne l’avoir pas consulté ou même

  1. Sans doute Spinoza connaissait la distinction entre le général et le particulier. Il l’énonce dans ses Lettres, mais il l'a méconnue dans le Scholie de la Prop. XV, et généralement dans toute l’Éthique ; et Leibniz a bien raison de la rétablir contre lui.