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XVII

losophiques des genres et des espèces de Platon ; elles sont les essences des choses coéternelles a Dieu, enveloppées dans son essence infinie, d’où elles jaillissent sans cesse comme le courant éternel qui porte les choses à l’existence. D’elles seules est vrai ce que Spinoza applique à tout, même aux individus et aux êtres contingents et finis, à savoir cet axiome : que l’essence de la chose renferme son être et son idée[1].

Spinoza suppose ici gratuitement l’identité des idées générales et des notions individuelles, et il applique aux unes ce qui n’est vrai que des autres ; Spinoza se trompe en les croyant identiques ; elles ne le sont pas. Ce qui convient aux espèces ne convient pas aux individus ; les caractères de ces notions diffèrent. Les premières ne suivent que l’ordre des idées, les secondes suivent de plus l’ordre des existences. On ne peut comprendre Dieu sans les idées ; on

  1. Malgré le Schol. de la Prop. X, cet axiome que Spinoza paraît désavouer lui appartient en propre ; car après l’avoir rejeté en commençant il revient en finissant. Voir Prop. X, p. 2.