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XXIII

comprendre et qu’il agit sans vouloir. Voici comment : la pensée, prise au sens large, et jusqu’à un certain point au sens cartésien, cogitatio est une force infinie universellement répandue dans la nature des êtres. Tant qu’elle ne vient pas à la connaissance de soi, elle n’est ni entendement ni savoir (intellectus). Ne recevant aucune forme, elle ne perd rien de son infinité. L’être dont elle est l’attribut infini peut penser sans avoir la sagesse. Il peut agir sans vouloir le bien. À ce degré d’indétermination, la nature est naturante, c’est-à-dire libre[1].

Entendez-vous parler, au contraire, des déterminations de la pensée, et il y en a de toutes sortes : l’intellect en est une, la volonté une autre, le désir et l’amour également ; alors la nature est naturée, c’est-à-dire nécessaire ou fatale.

Si nous traduisons en un langage moins barbare cette Proposition fondamentale de l’Éthique, toujours invoquée pour établir la distinction de Dieu et du monde dans le système de Spinoza, voici ce qu’elle signifie : Dieu est la

  1. Voir Schol. de la Prop. XL.