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y a quelque chose d’obscur dans le sentiment de Spinoza sur ce sujet, et il exprime ainsi dans la Théodicée l’apparente contradiction qui s’y trouve : Cogitationem non intellectum concedit Deo. Dans la réfutation, il renvoie de plus aux textes. Par le Schol. de la Prop. XVII, p. 1 Spinoza refuse à Dieu l’entendement ; par la Prop. I de la 2e partie, il lui accorde la pensée. Wachter[1] prétendait tout expliquer par la distinction des deux verbes en Dieu : l’un, qui lui serait intérieur et dont Spinoza ne veut pas ; l’autre, qui lui serait extérieur et qu’il admet, au point que Wachter est persuadé que Spinoza a reconnu la création par le verbe ou intellect externe. On comprend que Leibniz ne se soit pas contenté de pareils commentaires, et qu’il ait maintenu la contradiction des deux Propositions.

Cependant, et malgré l’autorité de Leibniz, je ne crains pas d’affirmer qu’il n’y a là aux yeux de Spinoza aucune contradiction. Non, il est très vrai que dans son système, Dieu pense sans

  1. Voir pour Wachter la Notice qui précède le manuscrit de Leibniz.