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XXXVII

être que Spinoza recouvre d’une trompeuse enveloppe d’immortalité.

Ce n’est rien dire que de dire : « Notre âme est éternelle en tant qu’elle enveloppe le corps sous l’apparence de l’éternité. Elle sera tout aussi bien éternelle, parce qu’elle comprend les vérités éternelles sur le triangle. »

Spinoza anéantit dans l’âme ce qui vit, ce qui se souvient, ce qui dure ; et il ne lui laisse pour tout horizon qu’un point de vue sur l’éternité du corps, en tant que la substance de Dieu l’enveloppe.

En faisant entrer dans la notion de l’âme je ne sais quelle idée d’une étendue sans limites, Spinoza croit rendre l’âme éternelle, infinie : il la fait égale au corps. Il obéit à cette pente fatale qui l’entraîne à identifier l’un et l’autre. Et, en effet, dans son système, il y a un enchaînement constant entre les âmes et les corps, entre la substance pensante et la substance corporelle.

Mais alors la conséquence est facile à tirer.

Si l’on prouve que le corps n’a pas de réalité, il suit de là que l’âme n’en a pas non plus : si la substance corporelle ne peut arri-