Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXXIX

Or, dans son système, la réalité du corps est égale à zéro.

Mais, se demande Leibniz, pourquoi Spinoza a-t-il échoué dans ses tentatives pour établir la réalité du corps ?

Le voici : c’est qu’il a prétendu faire servir l’étendue toute seule à constituer le monde. Or, l’étendue toute seule n’explique rien, même quand il s’agit des substances corporelles. On aurait beau la modifier par le mouvement ou la déterminer par la figure, cela n’est point assez ; il y faudrait de plus l’unité qu’elle ne donne pas. Sans nous arrêter à ces êtres infimes, comme les métaux et les pierres, qui, totalement privés de sentiment et de vie, ne paraissent en effet qu’une portion d’étendue et sont cependant déjà quelque chose de plus, parcourons, si vous le voulez, l’échelle entière des êtres, depuis les plantes jusqu’à l’homme, à mesure que l’on s’élève, comme l’unité devient plus réelle, l’impuissance de l’étendue devient plus grande jusqu’à ce qu’elle éclate dans les merveilles et l’organisation si délicate et si variée de l’homme et des animaux dont la vie dépasse, excède l’étendue, comme l’activité dépasse la passivité.