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XL

L’étendue est insuffisante à tout expliquer : mais si je puis le dire, elle l’est doublement dans le Spinozisme. En effet, Spinoza, comme on sait, en retranche la divisibilité ; or, c’est la divisibilité même de la matière qui, poussée comme il faut, nous dévoile les incomparables richesses de ce monde des infiniment petits que l’étendue enveloppe sans l’expliquer. La divisibilité est le véhicule qui porte à l’infini toutes les puissances de la nature en montrant dans chaque portion de matière le détail incalculable d’êtres, de forces et de vie qu’elle renferme sans le savoir. Elle communique à toute distance les moindres effets ; et les ondes de lumière, arrivant à notre œil avec la prodigieuse vitesse que nous savons, sont une des images qu’on pourrait appliquer à la propagation des effets naturels par l’étendue. En retranchant la divisibilité, Spinoza retranche donc à l’étendue sa qualité principale ; et il est bien certain que dans son système encore moins que dans celui de Descartes, l’étendue ne pourra rendre compte des plus belles propriétés que nous révèle la nature des corps ; surtout elle ne nous dira jamais s’il y a en eux