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XLVI

aucune aide pour établir l’indestructibilité ou l’immortalité physique de ces mêmes substances.

Mais le pourrait-elle, Spinoza n’aurait encore rien fait : car il lui resterait à expliquer tout entière cette immortalité supérieure, qui ne convient qu’aux créatures raisonnables. Si Leibniz accorde l’indestructibilité aux substances corporelles, c’est qu’il réserve quelque chose de plus relevé pour les spirituelles. Chez lui, après la physique, vient la métaphysique et la morale de l’immortalité ; car enfin, qu’est-ce, après tout, que l’immortalité physique ou indestructibilité des êtres en tant que substance, sinon l’impossibilité du retour au néant, et rien de plus ? Mais les esprits requièrent autre chose : ils demandent la possibilité de monter à Dieu, qui constitue leur plus belle prérogative et fait le domaine propre de la philosophie. En philosophie, on juge un système par le prix qu’il attache aux âmes. Dans celui de Spinoza, que deviennent-elles ? Compagnes du corps, asservies à ses lois, dépouillées de qualités morales, dépossédées de leurs plus nobles privilèges,